La crise sanitaire devrait être longue, très longue.
La période de confinement devrait durer encore plusieurs semaines, plus qu’initialement prévue. Les compteurs quotidiens de personnes qui meurent ou qui sont gravement atteintes par la maladie sont terribles. La saturation du système de santé en rajoute à l’inquiétude. Le personnel hospitalier est débordé, les lits de réanimations ont été rapidement ouverts en nombre insuffisants, le matériel médical (respirateurs, médicaments …) manquent depuis le début comme les moyens de protections (masques, sur-blouses).
En plus de la dangerosité de l’épidémie, c’est sa gestion catastrophique qui amplifie largement la crise.
Car le virus n’est pas l’unique problème. Il y a cette société capitaliste, ce système économique et politique qui s’avère incapable de répondre à l’urgence. Non pas par fatalisme mais parce que le système n’est pas taillé pour répondre aux besoins des gens. C’est cela que nous payons très cher aujourd’hui. Mais comme le payent très cher depuis longtemps les populations des pays « pauvres », d’Afriques ou d’Amérique latine qui connaissent des épidémies terribles (ébola, dengues, tuberculose, choléra, …) sans oublier la malnutrition qui tuent des centaines de milliers de personnes, d’enfants, chaque année. Pas de fatalité car les vaccins, les médicaments, les traitements existent pour soigner et sauver. Mais le capitalisme n’a pas cette ambition, ne l’a jamais eu. La santé qui compte, c’est celle des profits, des dividendes, c’est celle des multinationales, des entreprises. La seule chose qui compte, c’est le contenu des coffre-forts des capitalistes. Et ce n’est pas exagéré ou caricatural de dire cela. Il suffit de voir les discours, la propagande permanente, les politiques menées depuis des décennies, s’attaquant aux dépenses publiques, justifiant les remises en cause des services publics, des système de santé partout, les « réformes » antisociales, les destructions des systèmes solidaires et collectifs de santé, les retraites, les protections sociales … Ce sont ces politique là qui sont responsables de l’ampleur des dégâts, qui sont criminelles. Et on pourrait rajouter la fureur productiviste, pour produire tout et n’importe quoi, tout ce qui peut être inutile, nuisible, destructeur, polluant car le capitalisme ne produit que ce qui lui rapporte, que ce qui l’enrichit.
On pourrait parler aussi de cette mondialisation aberrante.
Conséquence d’une recherche absolue du moindre coût, de la main d’oeuvre la plus rentable, provoquant une frénésie de délocalisation avec le développement d’un commerce mondial ravageur. Tout cela ne s’est pas mis en place tout seul, automatiquement mais bien par des gens, par les possédants, par les pouvoirs d’Etat au service de cette classe de très riches, piégeant ainsi toute la planète. O
On est loin de Bordeaux et des difficultés subies par les populations les plus modestes et précaires ?
Par les sans abris par exemple, confinés dehors ou dans des squats. Pas tant que ça, car partout où l’épidémie menace ou fait des ravages, il y a l’inconséquence des politiques ultra-libérales qui ont provoqué à la fois la pauvreté d’une partie croissante de la population et un système de logement, de soin, d’aides sociales pas du tout en capacité de soutenir et protéger les gens. Heureusement qu’il y a le travail, le dévouement des réseaux militants associatifs et des collectifs pour au moins soutenir, soulager, les personnes les plus en danger.
Philippe Poutou, le 10 avril 2020.
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