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Nos politiques, ceux au pouvoir, entonnent en boucle : « unité ». A la sauce nationale ou municipale, nous serions dans une période où il est impossible de critiquer, de lutter ou de proposer d’autres solutions.

Ils n’ont rien vu de la situation !

Pour cette unité tant demandée il faudrait déjà qu’on accepte de faire confiance à ceux qui nous gouvernent. Comme si d’un coup, d’un seul, il nous fallait oublier qui sont les coupables de l’état de nos hôpitaux. Quel pouvoir avait fait matraquer les infirmiers et les infirmières l’année dernière ? Qui a voté la baisse du nombre de lits à l’hôpital public? Et puis, on continue de nous prendre pour des abrutis et de nous mentir. Ils auraient très bien pu nous expliquer qu’ils avaient très mal géré les stocks de masques, qu’on allait réquisitionner toutes les entreprises capables d’en fabriquer sur le territoire, qu’on allait en créer pas seulement pour les soignants, qui en ont besoin en priorité, mais pour tous les travailleurs mobilisés (les éducateurs et éducatrices dans les foyers, les postier.e.s, les caissièr.e.s, les éboueurs, les chauffeurs de bus/trams…).

Au niveau local même histoire. On a l’impression que certains s’aperçoivent que plus de 4000 personnes vivent à la rue, qu’il existe des campements et des lieux de vie (squats) qui fonctionnent, parfois, dans des conditions d’insalubrité totale. D’ailleurs, ça ne les a pas choqués avant qu’on parle de bidonvilles, à Bordeaux, en 2020 ? Les élus n’avaient rien fait lorsque la préfète mettait 2000 personnes à la rue dans un démantelement méticuleux de tous les lieux de vie qui hébergeaient et aidaient ceux dans le besoin. C’était en plein été, au moment de la canicule. On dénombrait 56% des fontaines à eau publiques fermées, on s’appercevait qu’il n’y avait aucune douche (ancien bain douche) publique à Bordeaux. Qu’a t’on fait entre temps à ce sujet ?

Ils n’ont pas les solutions.

Alors le pouvoir s’agite dans tous les sens à coup de grandes déclarations. Au début, on a l’impression qu’il agit. On sait qu’ils sont les coupables de cette situation dramatique, mais un instant on espère qu’ils vont prendre en compte la situation des précaires, qu’ils vont s’appercevoir de l’importance d’un service public fort, de l’utilité d’un hôpital public doté de personnels bien rémunérés et avec des moyens pour soigner leurs patients. Pas du tout ! Pour le personnel un « nos héros en blouse blanche » suffira, par décret on vient déplafonner leurs heures supplémentaires mais pas le temps de revaloriser leurs salaires… Pour les autres rien, à part des décrets revenant sur les droits des salariés et des discours contradictoires (il faut aller voter mais fermer les restaurants, il faut rester chez vous sauf si votre patron ne vous le demande…).


A l’image de celui lancé par Darmanin, Bordeaux a son crowfunding. La mairie organise un appel aux dons à hauteur de 20 000 euros pour les associations et débloque sur ses fonds propres 100 000 euros répartis entre plusieurs associations. Il faut se souvenir de la déclaration de Nicolas Florian au moment de l’incendie de Notre-Dame qui proposait 250 000 euros d’aide à la reconstruction de la cathédrale. Il parlait à l’époque « d’un euro par bordelais ». Ca nous élaire quant aux moyens financiers de la mairie en temps de crise. Cet été alors que la minéralisation de Bodeaux était mise en cause pour lutter contre les pics de chaleurs, les ombrelles et les quelques arbres posés place Pey-Berland ont coûté 90 000 euros aux contribuables bordelais. Très peu de temps après, on livrait une place Tourny à plusieurs centaine de milliers d’euros… sans un seul arbre !

Sans parler de l’échec de la coopération internationale. Toujours sur les masques : la République Tchèque vole à l’Italie, les américains volent (ou paient trois fois plus cher) à la France, les français à la Suède… Leurs coopérations ne sont basées que sur les échanges économiques, la solidarité entre les peuples n’est pas leur priorité.

Pendant la campagne des municipales, Bordeaux en luttes portait l’idée de s’occuper par nous mêmes de nos affaires.

Ce n’est surtout pas le moment de se taire. Pas quand nous avons eu raison là où ils ont eu tort. Surtout pas alors, qu’avec d’autres, nous alertions sur l’état de l’hôpital public. Leurs systèmes ne permet pas de faire face à des crises, quand ils ne les créent pas. En plus de broyer les gens en temps normal, et de ne pas permettre à tout le monde de pouvoir accéder à une vie digne, il fait le tri en temps de crise entre ceux qui doivent être sauvés et ceux que la puissance publique abandonne. Indécence d’entendre tous les jours un nouveau cas de COVID-19 sain dans le personnel politique alors que personne, en bas, n’a accès aux tests.

Il y’a tant à dire au sujet de ce qui se passe actuellement au niveau local ou national. Rien ne doit nous empêcher de pouvoir le dire !

Nous devons nous organiser pendant la crise, comme nous savons le faire, pour venir en aide aux plus fragiles et pour relayer les messages de ceux qui luttent sur le terrain. Mais nous avons aussi une responsabilité énorme, celle d’après la crise. Plus jamais nous ne devrons acceptés le mépris de ceux qui pensent qu’ils en font assez, que tout va bien, que nous ne savons que critiquer. Il faut se souvenir le mépris de Nicolas Florian, et des autres, pour Philippe Poutou quand il parlait de réquisition des logements vides. Quelle serait la situation à l’heure actuelle, si en amont on avait permis à tous d’être logés ?

Il nous faut construire l’après, aiguiser nos armes intellectuelles pour les contrer. Car non, nous ne sommes pas en guerre mais nous devons rester en luttes !

Nordine Raymond, le 2 avril 2020.

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