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Parfois le calendrier s’avère parfait pour révéler les intentions politiques de nos élu·e·s socialistes et EELV.

Comme l’indique le communiqué du lieu de vie L’Éclaircie, « Les femmes à l’honneur le 8 mars et à la rue le 1er juin ».

L’Éclaicie est un lieu de vie situé dans un ancien EHPAD, « La Clairière », à Gradignan. Il est dans un bâtiment, et sur un terrain, qui appartient à la ville de Bordeaux à travers son CCAS. Ce patrimoine a été acquis à la suite d’un legs, au début du 20ème siècle, dans le but de servir aux femmes isolées. Ce legs a été fait à perpétuité. Pour autant, on le sait, la perpétuité n’existe pas réellement dans le droit, et heureusement !, il existe des procédures pour pouvoir se séparer d’un bien qu’on nous a légué, mais aucune n’a été respectée par l’ancienne ni la nouvelle majorité municipale.

Au-delà de l’aspect purement légal, il y a trois aspects scandaleux qu’on aimerait souligner, qui répondent exactement aux trois urgences que nous mettons sans cesse en avant !

L’aspect sociale.

Dès qu’on parle d’héberger, d’accueillir et de mettre à l’abri des personnes dans le besoin, la Mairie nous sort son fameux inventaire des biens publics qui devrait nous être livré en avril. Presque un an pour réussir à savoir ce que la Mairie de Bordeaux dispose comme biens pour pouvoir loger dans l’urgence et/ou de manière pérenne. Les réalités sociales n’attendent pas un inventaire pour broyer des vies.

Là, on a un patrimoine dont on connaît l’existence mais on désire le vendre pour en faire une ZAC (Zone d’Aménagement Concerté) alors qu’il abrite actuellement 150 personnes. Ce lieu est autogéré et a déjà fait un travail énorme d’aménagement, sans aucune aide de la Ville, pour avoir accès à l’eau et l’électricité. Les pouvoirs publics n’ont fait que leur mettre les bâtons dans les roues. Notamment au niveau du ramassage des ordures. On le sait tous, tu veux que les voisins détestent un squat ? Ne ramasse plus (ou peu) ses poubelles, laisse venir les rats et attends la pétition. Cynisme largement pratiqué par les mairies de « gauche » comme de droite, pour se débarrasser d’un lieu de vie qu’elles veulent vendre.

L’aspect écologique.

Ce patrimoine est donc un terrain de plusieurs hectares abritant un quartier « HLM » : la cité jardin, un ancien EHPAD où coexistent deux lieux de vie : L’Éclaircie et La Vie Est Belle, Le Repos Maternel, des infrastructures publiques et des terrains vagues. Tout ça, rappelons-le, propriété de la ville de Bordeaux sur la commune de Gradignan.

La Ville de Bordeaux va céder une grande partie de ce patrimoine pour la construction d’une ZAC qui ne prévoit même pas une limite de hauteur des bâtiments construits. On va raser et reconstruire, artificialiser des sols, déplacer des infrastructures sportives… Tout le contraire de ce qu’il faut faire d’un point de vue écologique ! Il faut arrêter de détruire l’existant, améliorer l’habitat en réutilisant les matériaux, laisser des terrains non bâtis pour ne pas avoir à subir les conséquences de l’artificialisation.

L’aspect démocratique.

On l’a dit en introduction, cette vente et la DUP (déclaration d’utilité publique) sont à notre sens illégales mais, plus grave encore, personne n’est consulté, personne n’est écouté.

En effet, lors du dernier Conseil d’administration du CCAS de Bordeaux, Bordeaux en Luttes par la voix de Philippe Poutou a demandé le report du vote d’une délibération concernant la désaffection du domaine public de ce terrain. Refusé par la majorité malgré le soutien d’autres administrateur·trice·s du CCAS. Ce que nous demandions, c’est un débat avec toutes les clés en main pour pouvoir décider. La Mairie préfère faire voter par bout la vente de ce patrimoine alors qu’en tant que propriétaire nous sommes responsables du devenir de ce lieu. De plus, des faits troublants sont à ajouter et notamment la signature d’un acte de démolition par Nicolas Florian… quelques minutes avec l’élection du nouveau maire de Bordeaux.

Sur place, des collectifs se battent contre la ZAC et nous demandions à pouvoir les recevoir et entendre leurs arguments. En effet, décider sans même consulter ni l’avis des habitant·e·s du quartier ni l’avis des habitant·e·s des lieux de vie sur place, nous semble complétement anti-démocratique.

Scénario :

Si nous perdons cette bataille politique, nous prévoyons un scénario dont nous sommes à peu près sûrs qu’il sera suivi à la lettre.

Vente du patrimoine de la Ville de Bordeaux à la Métropole Bordelaise. Expulsion des lieux de vie. Des militant·e·s viennent place Pey-Berland pour réclamer des logements, les élu·e·s apportent du café et ouvrent l’Athénée pour 3 heures et un gymnase pour 3 jours. En attendant, plus d’une centaine de personnes viennent s’ajouter à celles déjà présentes dans la rue, mais les élu·e·s publieront des photos d’enfant en train de faire des coloriages les quelques heures où ils auront eu un toit sur la tête.

Quelques semaines plus tard, des engins de chantiers arrivent à Gradignan. On détruit, on bétonise…

C’est donc maintenant qu’il faut se battre contre cette vente, c’est maintenant qu’il faut nous battre contre la future expulsion et c’est en ce sens que nous serons présent·e·s ce samedi 13 mars en soutien aux militant·e·s qui luttent sur place !

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