Infirmière-Puéricultrice, c’est mon métier, depuis 22 ans … déjà. Un métier dont on entend beaucoup parler depuis peu, un métier de passion, d’écoute, de solidarité, un métier bien souvent dur, mais au combien riche, un métier que je n’échangerai pour rien au monde.
Chaque jour au cœur du soin, de l’humain et des valeurs essentielles, des équipes se battent, contournant les embuches, les manques, subissant les contraintes, se révoltant depuis longtemps déjà mais sans être entendues.
« Des héros en blouse blanche » nous appelle-t-on depuis le début de la pandémie du Covid 19.On nous applaudit, on nous livre des repas.Toute cette reconnaissance, cette gratitude depuis si longtemps attendue, qui d’un seul coup, nous fait paraitre comme des êtres exceptionnels que nous serions devenus. Que nenni, nous n’avons pas attendu la crise pour « sauver des vies », nous avons toujours répondu présent, été de tous les instants auprès des plus démunis, de la souffrance, de l’angoisse de nos patients. Nous, côtoyons la mort, partageons les peines, mais aussi les joies, les petites et les grandes victoires.
C’est ça être soignant, aider, soutenir, donner du temps a ceux qui en ont besoin ; du temps que l’on a pas, à cause du manque d’effectifs, du manque de moyens, du manque de reconnaissance, alors on s’oublie, on mange à pas d’heure, on accumule les heures supplémentaires…De l’agent de service, au médecin chef, en passant par les internes, les infirmières, aides-soignantes, on se serre les coudes, on fait bloc, on fait fi des querelles et on surmonte la crise, quelle que soit son ampleur, du « doudou perdu » qu’on va chercher dans tous les étages du pédiatrique, au manque de lits, de chambres, de collègues, et maintenant de masques, de blouses…On revient sur nos repos, nos week-end, on s’épuise, on se décourage, mais on revient, on revient parce que ça nous tient, parce qu’on a des valeurs et parce que ,qu’y a-t-il de plus important que de se battre pour aider son prochain ?
Cette crise sanitaire, tragique, éprouvante, pour tout un chacun et plus encore pour les soignants, ouvrira-t-elle des yeux jusqu’ici restés fermés, des portes restées closes ?
Nous voilà donc au pied du mur, nos revendications n’ont pas changé : nous voulons du personnel en plus au lieu du non remplacement d’un départ a la retraite sur deux. Des congés maternité supplées, au lieu de prendre, ici, une infirmière pour la mettre là, et de la remettre ici. Peut-être serons-nous de ce fait moins fatigués, moins au bord de la rupture, et donc par la même moins souvent arrêtés. Nous voulons aussi, des chambres pour accueillir nos patients, avec des lits, au lieu de les laisser sur des brancards, dans les couloirs ou sur un fauteuil en salle de jeux, le pied a perfusion a côté avec la chimio qui coule. Du matériel : pompes, scopes, tensiomètres, blouses, masques (dont les cadres font en ce moment l’inventaire chaque jour, et en distribuent une quantité limitée par personne).Passer plus de temps auprès de nos patients, qui ont besoin de notre écoute, de notre présence, parce qu’ils vont mal, qu’ils veulent nous parler, mais nous ne pouvons pas : « excusez-moi, il faut que j’aille préparer mes injections suivantes », nous ne sommes pas des machines. Et de la reconnaissance, parce que oui, on se dévoue, on s’investi, on se décarcasse, pour le bien de la société, jusqu’ici invisibles…Du bruit, on essaie d’en faire, voilà un an que les hôpitaux font grève, mais comment se faire entendre lorsque de toute façon, même en grève, on continue de travailler ?
Alors au lieu d’enchainer les politiques restrictives, les restructurations, remettez l’HUMAIN, au cœur du système et écoutez vos soignants.
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