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L’équipe en place de la mairie de Bordeaux, N.Florian et ses adjoints F.Robert – A.Siarri invitent à des réunions téléphonées informelles avec leurs adversaires politiques principaux pour échanger sur la crise sanitaire. Ces réunions ne sont pas des instances de décision mais ont le mérite d’informer sur les actions mises en oeuvre au niveau de Bordeaux. Sont présents Thomas Cazenave (LREM), Pierre Hurmic (EELV), Emmanuelle Ajon (PS), Vincent Feltesse (ex PS) et Philippe Poutou (pour la liste Bordeaux En Luttes).


Lors des deux réunions qui ont eu lieu, nous avons essayé de relayer nos inquiétudes et celles des collectifs ou associations qui travaillent sur le terrain pour aider les populations les plus fragiles, en proposant des solutions pour répondre le plus efficacement possible aux difficultés de la population.
Le maire détaille les actions, les moyens financiers alloués (financiers comme des outils d’information sur le site internet avec des appels à volontaires et à dons). Des choses sont faites, c’est indéniable, pour tenter de répondre aux problèmes posés par l’épidémie et le confinement.


Il est très compliqué de faire un constat précis de la situation sur le terrain, confinés pour la plupart d’entre nous dans nos domiciles, nous avons des retours notamment des milieux militants qui sont investis dans les quartiers, auprès des personnes précaires, en difficulté financière, auprès des personnes sans domiciles fixes, des réfugié.e.s, dans des squats ou disséminé.e.s ailleurs dans l’agglomération.


La situation est clairement insatisfaisante pour de nombreuses personnes. Certes une auberge de jeunesse a été réquisitionnée par la mairie pour loger 60 personnes, l’eau a été rebranchée dans certains squats, des colis alimentaires sont financés pour que les associations puissent ravitailler les gens les plus démunis.

Les réponses ne sont pas à la hauteur de l’urgence sociale et sanitaire !


Comme le disent le DAL33 et d’autres associations, il y a des solutions pour mettre à l’abri tout le monde, pour loger, pour l’hygiène, il existe des lieux, des bâtiments vides qui peuvent être réquisitionnés. La mairie a le pouvoir de faire. Elle le reconnait mais explique qu’il faut du personnel formé qui n’est pas disponible aujourd’hui, que la Préfecture n’en donne pas l’autorisation. Sans oublier le manque, incroyable et scandaleux, de masques qui permettraient de protéger les bénévoles, les volontaires prêts à aider, et qui sont nombreux. Nous ne nions pas toutes ces difficultés. Il n’empêche, qu’à notre avis, tous les moyens ne sont pas mis en oeuvre pour répondre aux besoins des gens en difficulté.


Ce n’est pas un scoop.

Il n’est pas possible de rattraper le retard d’années d’exclusions, d’absence de politique sociale pour aider, soigner, loger les personnes à la rue mais aussi les gens les plus touchés par la crise, souvent très mal logés. On ne peut pas rattraper les politiques d’expulsion des squats, des logements pour loyers non payés … Nous n’allons pas insister là dessus, mais ça se paye cher à l’heure des ravages de l’épidémie qui frappent plus durement les gens précaires.


Le problème n’est pas de faire des reproches à la Mairie, au Département, à la Région, à l’ensemble des pouvoirs publics qui semblent plus bricoler des réponses alors qu’il y a en réalité des moyens importants pour agir. Il n’est pas normal qu’après 15 jours de confinement, il y ait toujours des gens sans abris, sans accès aux sanitaires, sans assurance de manger tous les jours. Il n’est pas normal qu’il n’y ait pas de masques, pour le personnel soignant, c’est certain, mais aussi pour les bénévoles disponibles pour aider.

Donnons aux associations et collectifs les moyens d’agir.

D’autant quand on voit les fonds engagés par la mairie pour répondre à cette crise et aux urgences auxquelles les associations locales doivent faire face. 100 000 euros ont été répartis entre diverses associations locales comme la banque alimentaire. Cette somme est à mettre en relation des 80 000 euros d’un feu d’artifice, des 200 000 budgétisés pour un sommet « Afrique-France » décrié, des 90 000 euros des ombrelles de cet été pour la place Pey Berland, ou encore des 250 000 euros promis pour la reconstruction de notre dame.


La mairie a ajouté à ce manque de moyens alloués, l’indescence d’un appel à don aux particuliers via une cagnotte. Dans la lignée de Gérald Darmanin au niveau national, nous sommes particulièrement choqués de l’exploitation faite des volontés légitimes d’aider dans la situation, de la part de pouvoirs pour qui 20000 euros est une broutille au regard des budgets qu’ils ont en gestion. La générosité des particuliers confinés ou encore au travail sollicitée par les pouvoirs publics doit-elle venir pallier leurs choix de manques de moyens? Face à la crise sanitaire, ni charité, ni communication à moindre coût mais des services publics et des associations à qui on donne les moyens de répondre aux urgences.

Il y a un problème de démocratie, de volonté d’organiser collectivement, de faire confiance aux associations et collectifs divers, à la population dans les quartiers, de leur donner la possibilité d’agir, de prendre des initiatives, de construire les solidarités. Tout ne peut pas « venir d’en haut », on le voit, mais en ces temps d’urgence sanitaire, pourquoi serait-il si difficile de faire autrement, de s’appuyer sur les bonnes volontés qu’il y a partout ? Pourquoi faudrait-il attendre que la Préfecture donne son « autorisation » ? Pourquoi ne pas faire, ne pas réquisitionner maintenant les logements vacants, les chambres d’hôtel qui sont libres, ne pas rendre disponibles les internats de lycées, avec les douches et les toilettes ? Pourquoi ne pas geler dès maintenant les loyers pour les gens en difficulté ? Pourquoi aujourd’hui n’y a t-il pas assez de nourriture, de fruits et légumes alors que de nombreux producteurs locaux n’arrivent pas à écouler leurs produits, après la fermeture des marchés ouverts ? N’y a t-il pas un problème de décision politique, de prise en compte de l’urgence ou d’incapacité à organiser des réponses efficaces ?


Il y a des solutions !

Il y a des idées et des volontés, il y en a pour mettre en place un véritable plan d’urgence qui recense les besoins, qui collectivise les moyens, qui organise la protection de l’ensemble de la population. Pour cela il y a besoin d’une transparence de toutes les instances, de l’ensemble des pouvoirs publics, que des comptes soient rendus de ce qui est fait et de ce qui reste à faire.

Bordeaux en Luttes, le 1er avril 2020.

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