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Oui vous avez bien lu, les décideurs politiques défilent aux micros pour chanter les louanges du service public, de l’hôpital et des soignants et pourtant ils s’apprêtent à fermer d’ici quelques mois l’hôpital militaire Robert Picqué sur la Métropole Bordelaise.


Retour sur un fiasco sanitaire :

En 2016 l’armée a décidé de se retirer du site de l’hôpital Robert Picqué à Villenave-d’Ornon pour des raisons financières, le bon sens aurait voulu que le ministère de la santé reprenne la main car cet hôpital soigne 80% de civils et accueille 28 000 urgences par an.

Mais les intérêts privés et budgétaires ont prévalu sur l’intérêt général et il a été décidé de fusionner cet hôpital avec la clinique privée Bagatelle située quelques centaines de mètres plus loin sur la route de Toulouse.

Pourtantla fusion , appelée projet BAHIA, acte la suppression de quatre-vingt dix lits dont une majorité en médecine et chirurgie conventionnelles utiles pour désengorger les services d’urgence en grève depuis des mois pour réclamer plus de lits;  mais aussi la disparition de plusieurs spécialités médicales indispensables et stratégiques qui sont opérées sur le site de Robert Picqué et ne seront pas reprises dans le projet BAHIA. C’est le cas notamment de la structure départementale de référence pour les urgences Nucléaires, Radiologiques, Biologiques, Chimiques (NRBC), indispensable pour faire face à des catastrophes sanitaires. Alors que la centrale nucléaire du Blayais se trouve seulement à une quarantaine de kilomètres, la population ne pourra plus être prise en charge correctement en cas d’accident nucléaire. Le projet BAHIA acte également la disparition de l’héliport, pourtant indispensable pour faire face en cas de catastrophe.

Ce n’est pas une fusion, c’est la disparition d’un hôpital public !

Et pourquoi avoir choisi le site de seulement 5 hectares de Bagatelle pour la fusion sans profiter des 25 hectares du site de Robert Picqué, mieux dimensionné pour faire face à l’augmentation de la population prévue et à la survenue d’événements sanitaires d’ampleur exceptionnelle? Le déplacement des urgences vers le site de Bagatelle est à ce titre un sujet d’inquiétude largement partagé. L’ambition d’accueillir 40 000 urgences par an paraît en effet peu réaliste au vu de l’espace disponible sur le site et de l’encombrement de sa seule voie d’accès qui a déjà largement dépassé son seuil de gêne.

Il faut souligner également que ce projet est rendu possible en grande partie grâce à de l’argent public et la Métropole de Bordeaux s’est même portée garante financière du projet BAHIA à hauteur de 6 millions d’euros.

Au vu de la catastrophe sanitaire que nous traversons comment peut-on justifier la fermeture d’un hôpital public qui a permis de désengorger les hôpitaux en accueillant et en soignant des dizaines de patients atteints du Covid-19 ? Qui peut prendre la responsabilité d’une telle décision qui aura des conséquences désastreuses pour tous les habitant.e.s et soignant.e.s à l’échelle de l’agglomération et au delà?

Nous demandons que cessent les logiques financières qui détruisent notre système de santé mettant les soignants dans l’incapacité d’exercer efficacement et sereinement leur métier et les privant des moyens matériels élémentaires nécessaires à la prise en charge des malades et à la protection des soignants. Mettons un coup d’arrêt à la course à la privatisation de l’hôpital public qui nous met toutes et tous en danger. La crise sanitaire que nous traversons ne fait que mettre au jour le cruel manque de moyens pour nos hôpitaux et les conditions de travail déplorables des soignant.e.s. Cette situation est le fait de choix politiques opérés par les Gouvernements successifs mais aussi par les décideurs locaux à Bordeaux et sa Métropole ! Nous rappellons que le maire de Bordeaux est le président du conseil de surveillance du CHU, il a les moyens d’emprêcher la destruction de notre hôpital public, de répondre aux revendication des personnels en lutte en le dotant des moyens qui manquent et en améliorant les conditions de travail et de rémunération des personnels du CHU.

Notre système de santé a été financé depuis la création de la sécurité sociale par les cotisations sociales ; ces dernières doivent augmenter pour permettre la remise à flot de l’hôpital public, la revalorisation des carrières et l’attractivité des métiers de la fonction publique hospitalière, ainsi nous pourrons assurer la prise en charge d’une population vieillissante ou précarisée et faire face à des événements sanitaires exceptionnels comme celui que nous vivons.

Depuis la fin de la guerre, nous avons consacré une part importante de la richesse nationale issue de notre travail à la construction d’un système de santé performant et accessible à tous : il faut renouer avec cette ambition et abandonner une logique gestionnaire mortifère pour l’hôpital public, mise en place depuis quarante ans par les décideurs politiques pour complaire aux intérêts privés. Non à l’ « hôpital entreprise », fusse-t-elle « non lucrative », oui à l’hôpital public, patrimoine commun au service de tous.

La liste Bordeaux en Luttes est la seule qui s’est engagée clairement depuis des mois dans les luttes aux côtés des soignant.e.s et pour le maintien de l’hôpital Robert Picqué. Nous continuerons ces combats au sein du conseil municipal et métropolitain.

Bordeaux en Luttes, le 20 avril 2020.

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