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Le marché des Capucins. Confiné.

Entre les pluies d’orages et quelques verres entre voisins,  le confinement se poursuit. Pesant.  Après un lent mois de mars, l’interminable mois d’avril s’approche de mai. Nous avons prévu un petit  1er mai ensemble.  

Un temps suspendu,  une parenthèse qui dure. Stratégie  de lutte avec le virus  dictée par les  pénuries  : si nous  avions masques et tests, seraient confinés les personnes  atteintes.  6% de la population à ce jour. Faire un mouchoir dans un drap de lit. 

Toujours ce sentiment d’irréalité dans le quartier vidé,  les queues devant le marché,  les visages masqués,  un sur  3…..

Pourquoi est-on interdit  de balades sur les vastes plages du Médoc où vous pouvez marcher sans  croiser  âme qui vive ? 

Bref, l’interdit semble se plaire  dans nos contrées depuis des mois : vous le chassez par la porte il revient par la fenêtre. Et la colère,  la défiance croissent en proportion. 

Il y a peu nous étions interdits  de masques dans les manifestations.  Masques pour  se protéger  des gaz lacrymogènes… et il fallait  qu’on  nous VOIE, dangereux  protestataires.  Aujourd’hui les masques deviennent obligatoires.  Encore une situation où la réalité dépasse la fiction.  Une fiction indigente, étroite qu’on nous impose dans une « réalité  » construite,  abstraite, mesquine sur le ton  » tout va très bien,  madame la marquise ».

Là,  le réel sonnant et trébuchant cogne.

Aucun avertissement n’y a fait.  Circulez,  Gilets Jaunes,  soignants,  cheminots… Le monde moderne  s’avance. Et s’écroule sous nos yeux.  Mais fera tout pour rebondir et durer  » coûte que coûte « . 

Le grand marché de Bordeaux,  les Capucins,  est d’accès filtré.  Du coup inaccessible le week-end,  une seule entrée, une queue qui  s’étire. 

Sur les quais,  entre le  Conservatoire et le  théâtre,  des jeunes gens ont accroché à leurs balcons des banderoles  :  » rends l’argent à  l’hôpital  »  » la culture se meurt  » Se meurt souligné avec colère. 

Une voiture de police  ralentit,  mais poursuit sa route.

Je lis qu’ailleurs  » ils » débarquent dans les appartements et demandent de retirer la banderole.  Où est-on ? 

À  Bordeaux,  en Aquitaine,  la bête a peu frappé.  Nos hôpitaux ont  accueilli des malades d’ailleurs. 

Des nouvelles de chez moi,  Perpignan, les lits de réanimation  sont inoccupés.  Du coup la pandémie prend des airs de Truman show. 

J’ai croisé  une petite dame,  couturière,  qui fait  des masques  « au norme » . 6 euros.  Elle avait une commande de 15 masques pour des médecins. 

Mon marchand de journaux en a en dépôt,  3 euros,  d’une voisine qui s’y est mise aussi.  Bref, partout,  de la collecte de fruits et  légumes  » pour les soignants  » au marché,  à la confection de masques,  tout le monde s’y met avec les moyens du bord, pestant contre un  pouvoir qui dicte des consignes   » le port du masque  sera obligatoire  » sans rien entreprendre pour la  réalisation.  Ah non,  pardon,  la police  veille et distribue des punitions. Surveiller,  punir. 

Pour le moment,  nous  sortons  à tour de rôle mais avec aus-weiss… Je lis un témoignage d’une française qui vit et travaille en Allemagne.  Très  instructif. 

Voir le lien.

J’en retiens  1- qu’il est exclu en Allemagne d’employer le mot guerre.  2- les attestations  infantilisantes,  ou  aus-weiss,  clin d’œil,  sont impensables,  et impensées d’ailleurs. 

Ce modèle allemand dont les austéritaires français nous rebattent les oreilles,  smic à 1 €  etc… etc, là a disparu des injonctions. 

Finalement,  l’Allemagne à qui bénéficient les politiques de l’Union européenne, est tout simplement  plus riche ?

Jakline Boyer

Article initialement publié içi : http://bordeaux-moscou.over-blog.com/2020/04/5eme-semaine-aus-weiss-banderoles-et-sortie.html

Sur les quais à Bordeaux. Un jour pluvieux.

 

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