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La mairie de Bordeaux a présenté son plan de déconfinement lors du conseil municipal du 29 avril dernier. Le plan prévu donne l’illusion que tout est organisé par la ville.  La mairie de Bordeaux n’a pour l’instant pas su protéger tous les habitant.e.s de la ville. Les associations ont dû prendre en charge l’aide alimentaire pour les plus précaires et des solidarités se sont organisées au niveau des quartiers et des facultés. Pour « Bordeaux en Luttes » la mairie doit mettre plus de moyens pour que la crise sociale qui vient ne laisse personne sans aide des pouvoirs publics.
Nous devons nous appuyer sur les habitant.e.s des quartiers de la ville, sur les collectifs, les associations et toutes les bonnes volontés pour que les premiers concernés puissent prendre en main leurs propres affaires.

1. Les masques, comme tout ce qui relève de la santé publique,doivent être gratuits pour toutes et tous.

Deux masques par foyer, et encore quand on les a reçus, c’est insuffisant. Alors que la crise sanitaire et le confinement ont déjà mis en difficulté beaucoup de familles, il nous semble impossible que celles-ci supportent le coût des masques obligatoires. La mairie et l’ensemble des collectivités territoriales ont la responsabilité de garantir des masques pour tout le monde, d’en organiser la distribution gratuite à toute la population.
C’est au pouvoir public de s’assurer que les personnes fragiles, les plus démunies, les sans-abris, les réfugiés aient accès aux masques. La protection de tous doit être une priorité, et des choix budgétaires doivent être faits en ce sens.

2. Pour la mise en place de dispensaires publics sur tout le territoire.

La situation est grave, le risque d’un rebond de l’épidémie est bien réel, tout le monde sait que les moyens de protection sont insuffisants alors il est crucial de mettre en place des structures publiques. Il faut trouver des lieux pour des dispensaires dans les quartiers en coopération avec la médecine générale, avec les centres d’animations, les centres sociaux, les travailleurs sociaux (animateurs, éducateurs,…), les associations de  quartiers, avec les syndicats et plus largement avec les habitants.
Ces lieux auraient pour fonction d’informer, conseiller, faire de la prévention, distribuer des masques, faire des tests de dépistage, permettre l’entraide en s’appuyant sur les bonnes volontés. Là encore, cela coûte de l’argent et nécessite de recruter du personnel mais n’est-ce pas une priorité sanitaire ?

3. Pour que la population puisse décider elle-même de sa sortie du confinement.

Nationalement, le gouvernement s’est montré incapable de répondre aux besoins urgents, il a géré la crise de manière calamiteuse, maintenant il se permet de faire la leçon en culpabilisant la population et en la rendant responsable de l’éventuel échec du déconfinement.
Localement, ce sont les mêmes méthodes. Tout se décide par en haut. Les solutions sont imposées alors qu’elles ont fait la démonstration de leurs insuffisances, même si la mairie crée une commission citoyenne de crise sanitaire (on sait que ce sont bien souvent les notables qui participent à ce genre de comités). Par exemple, au lieu de se préparer à verbaliser les contrevenants et à renforcer encore la présence policière dont les dérives (comme celle qui a eu lieu à Nansouty la semaine dernière) doivent alerter ; la mairie devrait renforcer les services publics de proximité. Nous pensons qu’il est essentiel pour la mairie de recruter du personnel pour les services publics de santé ainsi que pour les politiques publiques de logement et de l’énergie. Des services qui permettent à chaque fois d’aider, de renforcer les coopérations. 
Les quartiers ont besoin d’autogestion, de vrais lieux de vie, de délibérations, de prises de décisions, même en temps de crise.

4. Une ouverture des écoles et crèches à haut risque : il n’y avait aucune urgence pour les rouvrir.

Les difficultés et les inquiétudes du personnel sont sous-estimées par les autorités. L’exemple du collège de Chauvigny dans la Vienne montre pourtant qu’elles sont fondées. 
Quoiqu’il en soit la réouverture des écoles a été décidée. Il n’y a même pas de « plan B » au cas où cela ne se passerait pas comme prévu. 
Là encore, le personnel municipal doit être entendu et leurs inquiétudes prises en compte. La mairie doit garantir le droit de retrait du personnel municipal. Il est nécessaire de s’appuyer sur le personnel directement concerné, sur les syndicats, sur les associations de parents d’élèves, de respecter leur avis, de tenir compte des craintes et des solutions proposées, de ne rien imposer. 
Or la préparation de la réouverture se passe à marche forcée, ce qui peut coûter très cher par la suite. Il n’y a aujourd’hui aucune garantie sur la présence du matériel de protection en quantité suffisante. Que décidera la mairie s’il manque des masques, du gel ou des réactifs pour les tests ? Quels renforts en nombre d’emplois et quels moyens financiers sont prévus pour assurer la présence, la garderie et le nettoyage ? Ce n’est pas précisé.

5. Pour une prise en charge réelle de l’aide aux plus démunis : accès au logement, à l’alimentation, l’hygiène pour toutes et tous.

Il nous apparaît fondamental que les pouvoirs publics remplissent leur rôle de protection de l’ensemble de la population et plus particulièrement des familles et des personnes en difficulté. Cela passe d’abord par des réquisitions de logements vides, des internats, des cantines afin de mettre tout le monde à l’abri du besoin. 
Cela passe par des réquisitions de chambres d’hôtel pour isoler les personnes testées Covid+. Il faut garantir l’aide alimentaire, l’accès aux soins et à l’hygiène.
Ce qui revient à rediscuter des structures publiques qui accueillent ces personnes.
Par un soutien à la hauteur des besoins urgents aux associations et collectifs qui œuvrent au quotidien pour aider les plus démunis.
Il ne suffit pas de lister, comme le fait la mairie, les actions réalisées ou les sommes allouées, Il faut surtout identifier tout ce qui n’est pas fait et qui reste à faire, mesurer les moyens financiers et humains qui sont nécessaires à apporter d’urgence. Il faut créer de l’emploi dans les associations pour que leur situation soit pérennisée. C’est aux pouvoirs publics de donner des moyens à la hauteur des besoins.

6. Pour des services publics de proximité et pour le développement d’un politique écologiste à l’échelle de la ville.

L’aide aux toutes petites entreprises est justifiée. Soulager et soutenir les petits commerçants, artisans, paysans, tout comme aider l’ensemble des salarié·e·s font partie des urgences. Nous pensons que les aides publiques doivent être conditionnées au maintien de l’emploi, qu’elles doivent donc être sous contrôle public, en toute transparence pour leur utilisation. Ce qui n’est pas le cas. 
Le rôle des pouvoirs publics ne peut se résumer à des subventions aux uns et aux autres, sachant que dans l’opacité ce sont presque toujours les plus « gros » qui en profitent. 
Relancer la vie économique, ce n’est pas tout laisser au privé, nous en mesurons particulièrement les dégâts aujourd’hui, il faut surtout des pouvoirs publics qui prennent en charge tous les secteurs essentiels, qui socialisent une partie de la vie économique. Les collectivités territoriales dont la mairie, ont la responsabilité de développer des services publics de proximité et d’embaucher du personnel, c’est la meilleure façon de se donner les moyens de répondre à tous les besoins sociaux urgents, de ne pas rester démunis face à des catastrophes.
Cela implique une politique qui rompt avec les logiques libérales où tout pouvoir est donné aux spéculateurs, aux financiers et aux banques. Aujourd’hui, encore plus en temps de crise sanitaire, c’est tout l’inverse qu’il faut faire : prioriser une politique sociale et solidaire. 

Nous insistons sur l’autonomie alimentaire de l’agglomération : il faut que des espaces soient rendus disponibles pour des paysans, des maraîchers, de manière à cultiver, à produire localement et réduire les circuits de transports de produits. Et pour cela il faut repenser l’aménagement du territoire et faire en sorte que Bordeaux et son agglomération « n’aspirent » pas le reste du département. 
La priorité, même en temps de crise, est d’avoir une politique culturelle (et sportive) qui mette à disposition des lieux de vie collective, qui donne les moyens aux associations de survivre, de se développer, et qui permette aux habitant.e.s, dans les quartiers, d’être autonomes, de créer une vie culturelle qui permette de renforcer des liens de solidarité.

Nous demandons dès aujourd’hui la remise à plat des projets d’aménagement de la mairie. Les habitant.e.s ont mesuré pendant cette crise qu’ils manquaient de dispensaires, dispositifs de santé ouverts à tous, de lieux de distribution de nourriture et de produits de première nécessité, d’espaces de maraîchage bio, de lieux d’hébergement, d’accueil des femmes battues, d’accueil des enfants de l’ASE, etc. 
En revanche, aucun n’a ressenti le manque de galeries marchandes, de supermarchés, ou de magasins de vêtements venant de l’autre bout de la planète.

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