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On le sait, les villes rivalisent de dispositifs anti-sdf des plus efficaces.

Des pics, des rails de fer, des bancs où on ne peut pas s’allonger… Tout est bon pour empêcher les personnes à la rue de pouvoir trouver un endroit où se reposer ou s’abriter.
Bordeaux n’est pas épargnée par ces dispositifs.

Nous l’avons porté pendant la campagne, et c’était pour Bordeaux en luttes l’une des premières mesures à mettre en place au début de la crise sanitaire, les maires ont le pouvoir de réquisitionner les logements vides. Pourtant, le maire de Bordeaux préfère renvoyer la balle à la préfecture et laisser plus de 2000 personnes sans logement, ou dans des habitats très précaires.
Sans parler de l’inaction au sujet de l’aide alimentaire pendant le confinement (et après ?). Inaction, oui ! Les associations le disent, ce n’est pas à elles de faire ce travail. Inaction parce que, comme nous l’avons démontré, l’aide financière municipale allouée à l’aide alimentaire durant la crise sanitaire était faible, notamment quand on la compare à certains budgets de la ville (communication par exemple).

Il y’a l’inaction mais il y’a aussi l’hypocrisie.

Pourquoi l’hypocrisie ? Comme le démontrent les photos que nous publions, la mairie de Bordeaux a mis en place un dispositif de barrières bâchées au niveau de l’Athénée municipal. C’est un dispositif anti-sdf qui se cache à peine, les bâches permettent d’afficher des pubs à bas coût pour la mairie.
Comble de l’hypocrisie, convenons-en, ce dispositif a été installé à l’endroit même où Alain Juppé avait déposé en 2010 une plaque “À la mémoire des morts de la rue”. On la voit d’ailleurs juste derrière les barrières qui empêchent les sdf de s’installer. Tous les Bordelais le savent, cet endroit est un lieu où des personnes vivant dans la rue s’installent pour pouvoir bénéficier d’un fronton pour s’abriter. Juste de quoi pouvoir s’abriter !

Hypocrisie toujours : l’hyper communication de la municipalité.

Cette période est particulière a bien des points de vu. Et c’est une première qu’une élection soit interrompue par une crise sanitaire. On pourrait s’attendre que l’équipe municipale fasse aux mieux en toute humilité. Au mieux, on l’a démontré plusieurs fois, ça dépend pour qui. Pas pour les personnes les plus précaires.
D’un côté, on a vu des associations et des collectifs bordelais, abattre un travail de solidarité incroyable. Prenant en charge, sur toute la métropole, l’organisation, la logistique et la distribution de l’aide alimentaire reposant quasi exclusivement sur les bénévoles.
De l’autre, on a vu une mairie dans l’hyper communication. Il suffit de regarder un peu sur les réseaux sociaux des élus pour les voir s’afficher un peu partout. Laissant croire qu’ils gèrent tout, qu’ils sont là pour les plus précaires. Frôlant parfois même le ridicule. Certains internautes ont remarqué la voiture avec chauffeur planquée au coin d’une rue pendant que Nicolas Florian posait sur une piste cyclable fraîchement repeinte. Toujours pas de nouvelles du coût de l’opération de communication avec Sud-Ouest. Pas vraiment dans l’humilité donc.

Pendant ce temps, on continue de mourir dans la rue de l’inaction des pouvoirs publics !

Nordine Raymond, le 14 mai 2020.

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